DU BOIS
À la limite du bois Christophe s’est arrêté. Les deux autres s’étaient déjà immobilisés à quelques pas derrière lui. Retenant leur souffle, ils écoutaient, sans quitter des yeux la grand-route. Dès plusieurs jours ils avaient fui, leurs poursuivants les suivaient aux trousses d’eux, quelquefois ils devenaient presque leurs ombrages sinistres. Maintenant Christophe avait mal au cœur comme il regardait la grand-route, ils étaient si près à la liberté, une liberté pour laquelle ils s’étaient débattus. Ils faillaient réussir mais au présent une fatigue profond le remplissait malgré tout, et soudainement il voulait qu’ils se dénoncent, bien sûr il y aurait des châtiments puis la vie retournerait à normalité. Alors qu’est-ce que c’est le problème avec la souffrance quand il y a la normalité?
«Christophe? On doit partir» a dit le plus vocal des deux autres «Nous sommes presque là, on y VA Christophe». Christophe restait sans bouger, ses yeux tristes et vaincus «Pourquoi?» il a dit «Pourquoi pas? grâce à ton courage nous sommes ici» l’autre a dit «Là-bas il y une grande vide de l’inconnue, peut-être nous réussirons mais j’ai peur pour l’avenir qu’est-ce que nous ferons ? Suppose que le monde soit aussi cruel». En le scrutant avec ses yeux perçants le plus vocal ne répondait pas, tandis que l’autre se fixait sur le chemin à liberté et une silence profond et triste les enveloppait.
Il y avait un chuchotement, l’un qui n’avait jamais parlé sursautait; ses yeux remplissait avec un peur impuissant, son corp frémi était tendu comme un arc. Soudainement sans un avertissement il tirait vers la grand-route, en courant il réalisait son rêve d’être libre et le soleil traversait le chemin avec lui. Le plus vocal regardait Christophe avec un air implorant comme il approche la Grand-route mais Christophe ne voulait plus qu’il ait vu le soleil.